Huit ans après son début dans la musique et des classiques comme “Avec Nous” ou “Zone 4”, Bakari, rappeur et ami, signe avec un label. « Sah, quel plaisir », il était plus que temps! Ceux qui me suivent depuis le début savent que si je devais nommer un rappeur méritant, il serait premier de liste… Bref, nous nous sommes rencontrés pour faire un retour rapide sur ce début de carrière.
Faire l’artiste engagé puis bicrave des t-shirts à 50eu, c’est pas pour moi.

Je criais que j’étais le plus fort, le meilleur, le genre de conneries qu’on fait à cet âge là.
NH : Quand as tu commencé la musique ? Quels étaient tes thèmes ?
BAK : Il y a 6 ans, j’avais 17 ou 18 ans. C’était des thèmes de la rue, que de la merde… Je criais que j’étais le plus fort, le meilleur, le genre de conneries qu’on fait à cet âge là. Maintenant ça à un peu changé, je parle toujours de la rue mais j’ai grandi et fait mes preuves, plus besoin de vouloir prouver quelque chose.
Est ce que tu te considères comme un artiste engagé ?
*Rires* Non, c’est des couilles tout ça… Faire l’artiste engagé puis bicrave des t-shirts à 50 balles, c’est pas pour moi. Je pense pas que la musique serve ces choses là.
Que pensent tes darons du fait que tu sois rappeur ?
Ils s’en battent les couilles, il n’y a que les études qui comptent. Rappeur c’est pas un vrai métier pour eux.
Et maintenant que les choses sont devenues plus sérieuses ?
Ca va… Ils prennent moins la tête mais je dois quand même prouver que j’en veux.
En France, dès qu’un artiste sort un projet toute la ville partage, même si c’est de la merde.

Que penses-tu des liégeois et de leur mentalité en matière de musique ?
Le liégeois a besoin que ça pète pour commencer à supporter, c’est ça son problème. Je suis dans la musique depuis longtemps et j’ai vu tout ça, beaucoup ont commencé à me soutenir seulement à partir de la signature. C’est dommage parce qu’ailleurs ce n’est pas comme ça. En France, dès qu’un artiste sort un projet toute la ville partage même si c’est de la merde. Le publique liégeois, lui, soutient à partir du moment où ça perce mais je ne pense pas que c’est spécifique à Liège, ça concerne plutôt toute la Belgique.
Et pour le reste, dirais-tu qu’ils sont ouverts?
Je ne peux pas parler pour les autres domaines, je ne m’y connais pas. Mais du point de vue d’artiste, je sais qu’entre nous on se soutient. Le monde du rap à Liège c’est une petite communauté même si on ne feat pas ensemble, on se connait.
Ah ouais, du coup, il y a pas de clashs ?
Pourquoi faire? Les histoires de clashs, ça ne sert à rien. On est des liégeois, faut pas amener ces conneries là ici, personne n’y gagne. Celui qui a un problème avec moi, il vient, on règle ça.
Les gens croient que quand tu signes, ça y est, t’es quelqu’un. En réalité, ça ne change rien. C’est un contrat de travail comme un autre…

Six ans après tes débuts, tu signes avec le label Ototen Music, tu peux m’en dire plus ?
C’est un jeune label indépendant associé à Sony, ça à moins d’un an. Il est géré par Frank Lucas et nous sommes actuellement deux artistes et plusieurs beatmakers.
Quelle est la première chose que tu as faite après ce rendez vous?
Directement après? Je suis rentré au quartier frère. Les gens croient que quand tu signes, ça y est, t’es quelqu’un. En réalité, ça ne change rien. C’est un contrat de travail comme un autre. Apres, je me suis posé avec mes reufs, une teille de jack et un pilon pour fêter ça.
Ta vie d’artiste avant d’avoir signer est elle différente de maintenant ? Si oui, qu’est ce qui a change ?
Ouais, totalement! Avant je devais m’occuper de tout : L’organisation des concerts, les séances au studio, ma musique, trouver les beats, etc.. Maintenant, je suis entouré de gens qui s’occupent de ça pour moi et je peux rester focus sur ma musique.

Certains milieux ne sont pas très ouverts, les gens ont peur quand ils voient arriver toute une équipe de renois, beaucoup d’air max, beaucoup de fumée…
T’es récemment parti en tournée belge avec Ototen Music et les liégeois de RPT Music. Quel moment t’as le plus marqué ?
Il y a eu beaucoup d’événements entre nous, tu connais… On est des reufs et parfois ça chauffe un peu et tout mais c’est normal. Et quand on nous reçoit, on nous néglige souvent parce qu’on fait du rap. Certains milieux ne sont pas toujours très ouvert, les gens ont peur quand ils voient arriver toute une équipe de renois, beaucoup d’air max et beaucoup de fumée mais c’est rien ça fait partie du jeu, on s’adapte.
D’accord, mais il y a pas un moment que tu retiens? Vraiment un moment de dingue?
Hum, si. Le moment de ouf c’était la scène des Francofolies. C’était notre premier vrai festival connu et il y avait toute l’équipe sur scène, vraiment un bon délire.
Sinon, vous avez tkieff combien de kilo ?
*Rires* T’es un ouf, on fume pas nous… Pas comme ça. On fait attention, on n’est pas des shlags. On sait quand fumer un petit truc pour se mettre bien mais sinon on ne fume pas avant d’entrer en cabine, tu vois. Juste un petit verre de jack au miel parce que c’est bon pour les cordes vocales.
*MDR, j’ai éclaté de rires* Du jack au miel ?
Je te jure, quand je raconte ça les gens me prennent pour un con mais c’est réel. J’ai pris des cours de chants et le prof disait : « Avant d’aller en studio, vous pouvez boire un petit verre de whisky, ça aide à échauffer les cordes vocales »
Moi, mon projet c’est de ramasser les tunes la où elles sont, tout baiser et revenir sur Liège. Je veux monter un truc pour aider les artistes…

La musique, les tournées c’est bien beau mais est ce qu’il y a une madame Bak ?
*Haha*, gros c’est des questions qui ne se posent pas ça, vient on retourne sur la musique.
Alors, est ce que « c’est vraiment trop bon la vie d’artiste » ?
En vrai, c’est comme dans tout. Il y a des bons cotés et des mauvais, mais il faut surtout faire attention aux fréquentations et l’entourage : il faut savoir avec qui on marche. Depuis que j’ai signé, j’ai vu beaucoup de gens, des charbonneurs, des grateurs, des enfoirés mais il faut garder la tête froide et garder ceux qui marchaient avec toi au début.
Quels sont tes projets d’avenir ?
Je ne compte pas rester dans la musique jusqu’à 40 ans, je sais que ça va vite me saouler. Toute façon, moi, mon projet c’est de ramasser les tunes la où elles sont, tout baiser et revenir sur Liège. Je veux monter un truc ici pour aider les artistes parce que c’est ça qu’il nous manque. A Bx, ils ont déjà ça et à Panam, on ne les compte même plus. A Liège, il faut vraiment ce label qui va aider les artistes à se développer et percer s’ils le méritent…
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Photos par Manon Malaise